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Textes d'opinion

Pourquoi le libéralisme économique demeure important

Ce qui a existé, c’est ce qui existera,
et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera.
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Ecclésiaste 1:9

Certains se demandent si le libéralisme économique est encore pertinent de nos jours. Le monde n’a-t-il pas considérablement changé depuis l’époque d’Adam Smith, et même depuis celle de F. A. Hayek et de Milton Friedman? Qu’est-ce que cette école de pensée d’un passé révolu peut bien avoir à nous apprendre ici et maintenant, alors que pratiquement le quart du XXIe siècle est entamé?

La réponse courte est que, malgré toutes les nouvelles technologies que nul n’aurait pu imaginer il y a quelques siècles, voire quelques décennies, et malgré notre monde plus riche, plus compliqué et plus peuplé, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Autrement dit, malgré tout ce qui a changé, certaines vérités restent universelles et intemporelles.

En tout lieu et en tout temps, l’énergie ne peut être ni créée ni détruite. Il s’agit là d’une loi de la physique. En tout lieu et en tout temps, le commerce est un jeu à somme positive. Plus précisément, chaque partie à un échange volontaire s’attend à voir sa situation s’améliorer, et c’est généralement le cas. Il s’agit là d’une loi économique.

Le monde a changé à bien des égards, mais quelques-uns de nos principaux enjeux, aujourd’hui comme hier, sont attribuables en grande partie à un manque de liberté économique.

Prenons l’exemple de la hausse rapide du coût de la vie. Le libéralisme économique nous enseigne que l’augmentation de la masse monétaire pour une quantité donnée de biens entraînera une inflation généralisée des prix. Les banques centrales du monde entier ont fait gonfler massivement leur monnaie au cours des dernières années, et celle du Canada ne fait surtout pas exception. Cette mesure était en partie justifiée par la nécessité de financer les mesures prises par les gouvernements en réponse à la pandémie. Quoi que l’on puisse penser de l’efficacité de ces différentes mesures, l’inflation s’est emballée comme on s’y attendait, atteignant des niveaux jamais vus depuis que Hayek et Friedman étaient encore parmi nous.

Bien qu’elle soit revenue à des niveaux moins alarmants aujourd’hui, l’inflation reste obstinément élevée. Le libéralisme économique nous enseigne que les gouvernements pourraient aider les banques centrales à stabiliser le niveau des prix plus rapidement, et donc à faire baisser les taux d’intérêt dans un délai plus court, s’ils mettaient un frein à leurs dépenses excessives financées à coup de déficits.

Voilà ce qui en est du coût de la vie en général. Mais qu’en est-il du cas particulier du logement au Canada? D’un bout à l’autre du pays, les acheteurs potentiels sont confrontés à une crise d’abordabilité. Outre les niveaux d’inflation généralement élevés, qu’est-ce qui pourrait expliquer les hausses exceptionnelles du prix des logements enregistrées ces dernières années?

Là encore, le libéralisme économique offre une réponse universelle et intemporelle : si l’on restreint artificiellement l’offre d’une catégorie de biens, ceux-ci verront leur prix augmenter, d’autant plus si la demande est en hausse.

Et effectivement, les municipalités partout au pays ont restreint l’offre de différentes façons. L’administration Plante à Montréal, par exemple, a bloqué des projets représentant près de 24 000 logements depuis son entrée en fonction en 2017. La situation est loin de s’améliorer, et ce, malgré toute l’attention dont elle fait l’objet depuis un certain temps déjà. Dans l’ensemble de la province de Québec, le nombre de mises en chantier a diminué de 35 percent au cours des onze premiers mois de 2023 par rapport à la même période l’année précédente.

La solution, vous l’aurez deviné, est une plus grande liberté économique. Les municipalités doivent réduire et éliminer les entraves bureaucratiques et laisser les promoteurs construire davantage pour permettre à l’offre de rattraper l’explosion de la demande.

Même des questions qui semblent n’avoir aucun lien avec l’économie peuvent présenter une dimension économique importante. Par exemple, on parle beaucoup ces temps-ci de diversité, d’équité et d’inclusion des groupes sous-représentés qui ont historiquement souffert de discrimination. Si certaines mesures prises à cet égard peuvent être tout à fait ridicules, cela ne signifie pas pour autant que la discrimination n’existe pas ou que certaines personnes ne subissent pas encore les effets d’injustices passées.

En quoi cela concerne-t-il l’économie? Eh bien, il n’y a pas de meilleure façon d’exclure les groupes marginalisés que de les empêcher de joindre les deux bouts et de les exclure du marché du logement en augmentant les prix en flèche.

Le renforcement de la liberté économique, au contraire, accroît la mobilité des moins nantis, en les aidant à s’aider eux-mêmes. C’est exactement ce qui s’est passé en Alberta dans les années 1990, par exemple, lorsque des réductions importantes des dépenses publiques et du fardeau réglementaire ont mené à une mobilité du revenu beaucoup plus grande parmi le segment le plus pauvre de la population.

Pour bon nombre des problèmes qui touchent notre société, qu’il s’agisse du ralentissement de la productivité ou de la sous-performance persistante de nos systèmes de soins de santé, le problème vient, au moins en partie, d’un manque de liberté économique, et la solution passe, au moins en partie, par une plus grande dose de celle-ci.

Nos dirigeants civiques et politiques, ainsi que nos fonctionnaires, pourraient faire bien pire que de revisiter Smith, Hayek, Friedman et d’autres défenseurs du libéralisme économique pour y puiser les vérités intemporelles que ceux-ci ont découvertes et exposées.

Daniel Dufort est président et directeur général de l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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