L’effet bien réel des baisses d’impôt de Donald Trump
Dans un éditorial publié dans Le Devoir il y a un an, Jean-Robert Sanfaçon a critiqué ceux d’entre nous qui avaient prévenu qu’une réduction de l’impôt des entreprises aux États-Unis siphonnerait des capitaux canadiens[1]. La réforme de Trump de 2017 avait récemment abaissé le taux fédéral américain de 35 % à seulement 21 %, réduisant l’avantage fiscal que le Canada détenait de longue date de 20 points de pourcentage à seulement 6 points.
Face à ce problème, l’IEDM avait averti que des baisses d’impôt s’imposaient ici aussi afin de maintenir la compétitivité canadienne. M. Sanfaçon avait balayé nos préoccupations du revers de la main, alléguant que des facteurs comme la primauté du droit ou l’inflation étaient bien plus importants que les taux d’impôt et, qu’en plus, certaines des nouvelles règles fiscales pourraient n’être que temporaires.
Aujourd’hui, deux ans plus tard, des données officielles sont disponibles, et le portrait n’est pas joli. Selon Statistique Canada[2], le bilan net des investissements au pays s’est creusé de 40 %. En calculant la différence entre le stock des investissements étrangers au pays et celui des investissements canadiens à l’étranger, le Canada est passé d’un déficit de 297 milliards $ en 2017 à un déficit de 412 milliards $ en 2018. Cela signifie que, chaque année, le capital exporté par le Canada est plus important que l’entière croissance de son PIB. Puisqu’un seul emploi créé nécessite un investissement d’environ 65 000 $[3], ce déferlement de capital pourrait représenter environ 900 000 emplois perdus, chaque année.
Notes
1. Jean-Robert Sanfaçon, « Fiscalité canadienne : le lobby du sénat », Le Devoir, 25 octobre 2018.
2. Statistique Canada, Le Quotidien, Investissement direct étranger, 2017; Stock des investissements directs étrangers (IDE) au Canada, 2018.
3. Job Creation per $1 Million Investment.