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Observations spontanées

À quel point la COVID-19 a-t-elle augmenté le taux de mortalité?

C’est un fait: les gens décèdent. Les gens qui meurent ont plus de chances d’être âgés, et ceux qui décèdent jeunes ont une plus forte probabilité de souffrir d’une maladie chronique. C’était vrai avant la pandémie et ce le sera toujours après. Et c’était toujours aussi vrai au pire de la pandémie.

Bien entendu, chaque mort est une tragédie pour la famille vivant la perte d’un être cher. Aucune statistique ne peut décrire le drame intime de chaque ménage où cela se produit. Toutefois, les statistiques nous permettent de comprendre l’impact de la COVID-19 sur le taux de mortalité de la société.

Il y a de l’incertitude à savoir combien de gens sont morts de la COVID-19 plutôt qu’avec cette dernière. Il y a également de l’incertitude en ce qui concerne l’efficacité des confinements les plus stricts afin de sauver des vies, ou s’ils ont plutôt eu des effets négatifs sur la santé, tant physique que mentale, incluant à savoir s’ils ont causé des suicides ou des morts attribuables au report de traitements médicaux, comme des chirurgies ou la chimiothérapie. Seul l’avenir nous dira s’il sera un jour possible d’établir en toute transparence les différentes causes de décès durant la pandémie, mais des données sur le nombre total de décès et la surmortalité[1] sont déjà disponibles pour leur part.

Les statistiques hebdomadaires du Québec indiquent que la 18ème semaine de 2020 marque un nouveau record avec 2090 décès. Le record précédent avait été établi la dernière semaine 2014 avec 1746 morts. Cela veut dire qu’il y a eu 20 % plus de décès durant la 18ème semaine de 2020 que lors de la pire semaine des dix années précédentes. Si l’on compare les seules six semaines de 2020 qui avaient un taux de mortalité plus élevé que la dernière semaine de 2014 et les six pires semaines de l’hiver 2014-2015, on recense 1942 décès additionnels, soit un peu plus de 20 %. Il n’y a donc aucun doute que la COVID-19 représente un événement exceptionnel et que la situation a mené à un nombre de décès plus élevé qu’à l’habitude.

Malgré tout, les données annuelles de la dernière décennie indiquent une augmentation d’environ 2 % du nombre de décès d’année en année[2], avec des fluctuations significatives entre les bonnes et les moins bonnes années (de -4 % à +7 %). Les 1942 décès additionnels de 2020 représentent jusqu’à présent une augmentation de 2,87 % des décès annuels comparé à 2019, ce qui est inférieur à la fluctuation normale pour une mauvaise année[3].

Cela devrait nous mener à nous questionner sur la raison pour laquelle les médias ont utilisé un ton hystérique afin de qualifier l’impact du virus sur une base quotidienne. Il est approprié d’inciter les gens à la prudence, et cela à sans doute aidé à sauver des vies. Mais la répétition quotidienne, durant des mois et des mois, de statistiques sur les « nouveaux cas », les « cas actifs cumulés », et les « décès cumulés » ont entretenu un sentiment de peur et d’urgence complètement hors de proportion avec la réalité. Cela a également mis la table pour des confinements très stricts qui, au bout du compte, auront peut-être été pires que des mesures plus ciblées.

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Notes

1. La surmortalité se mesure ici comme la différence entre la mortalité hebdomadaire la plus importante de ces dix dernières années sur une période de six semaines (hiver 2014-2015), et la mortalité la plus élevée observée durant 6 semaines en 2020 (semaines 15 à 20 incluses) au moment de cette observation.​
2. Malgré des fluctuations significatives d’une année sur l’autre, le nombre de décès annuels augmente de 2 % en moyenne depuis 10 ans, au rythme de l’accroissement général de la population et selon un taux de mortalité en baisse lente mais régulière.
3. Il pourrait bien s’agir d’une statistique prudente, puisque les gens décédés de la COVID-19 durant la première moitié de 2020 ne pourront pas, à titre d’exemple mourir de la grippe lors de la dernière partie de 2020, ce qui aurait autrement pu se produire.

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