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Textes d'opinion

Québec se rend à l’évidence, l’éolien est trop coûteux

L'éolien, ça coûte cher! Tous les clients d'Hydro-Québec paient 695 millions de dollars en moyenne par année, conséquence de la décision du gouvernement de favoriser cette filière énergétique. Ce fait maintenant bien établi, répété et réitéré a fini par faire réagir la ministre des Ressources naturelles. Martine Ouellet s'engage désormais à n'accepter que les projets éoliens coûtant moins de 9,5 ¢ par kilowattheure, car elle juge que le prix élevé payé dans les derniers appels d'offres (jusqu'à 13,5 ¢ par kilowattheure) est «injustifiable». Cet engagement de la ministre est une excellente nouvelle.

Mais voilà, même à 9,5 ¢ par kilowattheure, l'éolien est encore très cher.

En fait, 9,5 ¢ par kilowattheure pour s'approvisionner en énergie éolienne, c'est un des coûts qu'il faut considérer. À ce chiffre, il faut ajouter :
• le coût d'intégration au réseau d'Hydro-Québec;
• le coût de transport et les pertes sur le réseau;
• les frais de distribution.

Au bout du compte, un kilowattheure acheté 9,5 ¢ coûterait au total 14,27 ¢ à Hydro-Québec, alors qu'il n'était vendu qu'à 5,76 ¢ en moyenne en 2012. Même avec la suggestion de la ministre Ouellet, la société d'État perdrait encore beaucoup d'argent sur chaque kilowattheure provenant des éoliennes.

Quels projets sont rentables à 9,5 ¢?

Bien que le plafond fixé par la ministre soit encore élevé, dans les faits, peu ou pas de projets d'éoliennes se qualifieront à ce prix dans un proche avenir. Les projets les moins coûteux situés là où les conditions de vent sont idéales ont déjà été réalisés. D'appel d'offres en appel d'offres, le coût des projets présentés augmente. En 2003, un projet d'électricité éolienne a été accepté à 5,79 ¢ par kilowattheure. En 2005, le projet le moins cher proposait un prix de 8,00 ¢ par kilowattheure. En 2012, tous les projets se situaient à 12,30 ¢ par kilowattheure.

On comprend de la déclaration de la ministre que si aucun projet présenté ne respecte la limite du 9,5 ¢, le gouvernement laissera donc tomber son appel d'offres.

Rappelons que parmi les 800 mégawatts (MW) de projets annoncés, on compte quatre types de projets : 300 MW par appel d'offres uniquement aux projets en Gaspésie, 150 MW par appel d'offres pour l'ensemble du Québec, 150 MW de gré à gré avec une communauté autochtone et 200 MW réservés à Hydro-Québec Production.

Imposer un prix maximum pour les appels d'offres, mais pas pour les contrats de gré à gré avec les autochtones et Hydro-Québec serait fondamentalement injuste. Quel tollé ce serait si on accordait un tel traitement de faveur!

Lorsqu'on décortique l'annonce de la ministre, on comprend qu'elle vient à toute fin pratique de mettre fin aux projets d'énergie éolienne au Québec. Du moins, tant que la technologie ne permettra pas d'en diminuer les coûts. Il s'agit d'une décision sensée dans le contexte où l'on dispose d'hydroélectricité, une énergie verte, renouvelable, abondante ET abordable.

À l'avenir, pour s'approvisionner en électricité au meilleur prix possible, la solution consiste à formuler les appels d'offres de manière la plus large possible pour que de nombreuses solutions puissent être évaluées. Si on ne choisit pas le récipiendaire du contrat, comme dans les ententes de gré à gré, si on ne limite pas à certaines régions l'endroit où doivent se réaliser les projets, comme ce qui se fait pour la Gaspésie, et surtout, si on est ouvert à toutes les formes d'énergies vertes et renouvelables, les clients d'Hydro-Québec en sortiront gagnants.

Youri Chassin est économiste à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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