Karel Mayrand fait le pitre
Le genre de commentaires tenus par Karel Mayrand à propos du Cahier de recherche intitulé Comment l'innovation rend les sables bitumineux de l'Alberta plus verts est un exemple d'intransigeance dont font trop souvent preuve beaucoup de mouvements écologistes.
D'ailleurs dans un sondage publié hier matin, 49 % des Québécois jugent que plusieurs groupes environnementaux sont trop radicaux (contre 31 % des gens qui ne sont pas d'accord avec cette affirmation).
Plutôt que de rire (jaune) d'une étude fouillée et documentée dont M. Mayrand ne relève d'ailleurs aucune erreur factuelle, il pourrait concentrer ses énergies à analyser l'utilité de ses propres interventions.
Le court billet de Karel Ménard a d'ailleurs a fait réagir un des co-auteurs de l'étude de l'Institut économique de Montréal, le professeur Pierre Desrochers de l'Université de Toronto Mississauga. Voici sa réponse:
La réplique de M. Mayrand (« Rions un peu ») est drôle à mourir. Il peut bien se moquer du fait que le pétrole a joué un rôle crucial dans l'amélioration des rendements agricoles et le transport sur de longues distances de denrées de toute sorte, mais jamais la proportion d'êtres humains mal nourris n'aurait diminué d'un individu sur 2.5 dans les années 1950 à moins d'un individu sur sept aujourd'hui sans le développement à grande échelle des combustibles fossiles. Des milliards d'êtres humains leur doivent littéralement la vie.
S'il est vrai que des centaines de millions de personnes sont encore mal nourries, c'est justement parce qu'elles n'ont pas accès aux technologies modernes et à l'énergie bon marché. M. Mayrand leur dit cependant de manger du gâteau. Tordant…
M. Mayrand trouve particulièrement hilarante notre affirmation selon laquelle « les chevaux polluaient plus que 4 millions de voitures en plus de sentir mauvais et de faire pipi partout! » Les nombreuses victimes de la fièvre typhoïde et des autres maladies causées par le crottin de cheval et les mouches de l'époque se gaussent sans doute encore de rire dans leurs tombes…
La production de pétrole synthétique n'est évidemment pas parfaite, mais elle n'a rien du drame décrit par M. Mayrand. L'empreinte écologique d'un baril de pétrole synthétique n'est d'environ que de 6 % plus élevée que celle d'un baril tiré d'un gisement conventionnel, les bassins de rétention des eaux usées sont reconvertis en forêt ou en milieu humide et les émissions de gaz à effet de serre des sables bitumineux ne représentent que 0.1 % des émissions mondiales attribuables à l'activité économique.
Pendant ce temps, des millions de personnes de par le monde meurent chaque année parce qu'elles n'ont pas accès à une énergie abondante et bon marché. Ma co-auteure Hiroko Shimizu et moi ne trouvons pas cela très drôle.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.