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Textes d'opinion

Quand l’État nous maintient dans la pauvreté

Chaque Québécois qui le souhaite devrait être en droit de pouvoir améliorer son sort dans la vie, sans que le gouvernement l’en empêche.

Que ce soit en postulant un nouvel emploi vous permettant de mieux mettre en valeur votre savoir-faire, en allant chercher certaines formations, ou en modifiant votre horaire de travail d’un commun accord avec votre employeur, vous devriez être en mesure de prendre les décisions qui s’imposent pour améliorer votre niveau de vie, si c’est quelque chose que vous souhaitez faire.

Pourtant, au Québec, l’État vient trop souvent mettre des bâtons dans les roues des citoyens qui tentent d’améliorer leurs conditions matérielles.

Mobilité relative

C’est ce qu’on peut constater en comparant les données sur la mobilité entre les différents déciles de revenus de Statistique Canada. Ce concept, nommé mobilité relative, reflète la possibilité que les individus ont de bouger entre les strates de revenu au cours de leur vie.

Depuis bien longtemps, on observe que les 10 pour cent des Québécois les moins nantis tendent à rester plus longtemps dans cette situation que ceux qui sont dans une position similaire dans les autres grandes provinces du pays.

Si le Québec avait une mobilité relative du revenu semblable à celle de l’Alberta, pas moins de 25 400 Québécois de plus auraient pu faire le saut entre les 10 pour cent les moins nantis et la basse classe moyenne ou mieux entre 2016 et 2021.

Pourtant, ces Québécois ne sont pas moins brillants, moins futés ou moins travaillants que leurs confrères de l’Alberta, de la Colombie-Britannique ou encore de l’Ontario.

La différence vient plutôt de la façon dont leurs gouvernements provinciaux et municipaux freinent ou encouragent leur épanouissement professionnel.

On peut penser ici à la question des permis de pratiques pour certains métiers, au poids de la fiscalité ou encore à l’espace que l’État laisse au secteur privé pour qu’il se développe. Sur toutes ces métriques, le Québec arrive vers la fin du peloton, s’il n’est pas tout simplement dernier, parmi les provinces canadiennes, causant cette plus faible mobilité entre les strates de revenu.

Pour en montrer les effets, prenons la fiscalité.

Fardeau fiscal

Ce n’est pas un secret: le gouvernement du Québec taxe beaucoup. Les Québécois ont le triste titre de contribuables les plus «pressés» du continent. Le fardeau fiscal du Québec s’élevait à un extraordinaire 38,9% du PIB en 2022. Depuis quarante ans, le Québec a toujours présenté un fardeau fiscal plus élevé que le reste du Canada, mais cet écart s’est accentué, se situant maintenant à 6,1 points de pourcentage.

Ce niveau élevé d’imposition est dû au fait que le Québec est la province où les dépenses publiques sont les plus élevées. En 2022, les dépenses publiques totales de la province en pourcentage du PIB étaient supérieures de près de 10 points de pourcentage à celles de l’Ontario, de 14 points de pourcentage à celles de la Colombie-Britannique et de près du double de celles de l’Alberta.

Le résultat est qu’une fois le fisc passé, il nous reste moins d’argent dans les poches pour financer nos projets – qu’il s’agisse de fonds pour l’achat d’une maison, l’obtention d’un nouveau diplôme ou le départ d’une jeune entreprise.

Dans certains cas, cela ne fait que retarder de quelques années ces projets, et donc les bénéfices qui en découleraient pour l’individu et la collectivité autour de lui. Dans d’autres, cela finit par mener à leur abandon.

Ce n’est là qu’un exemple des multiples façons dont l’intervention de l’État – qu’elle soit bien intentionnée ou non – finit par devenir un frein à l’ascension socioéconomique des citoyens.

Comme quoi, parfois, la meilleure chose que le gouvernement pourrait faire pour nous aider, ce serait de cesser les activités qui nous pénalisent. Nous laisser plus de notre argent dans nos poches pour poursuivre nos propres projets serait un bon début.

Gabriel Giguère est analyste senior en politiques publiques à l’IEDM et Vincent Geloso est économiste senior à l’IEDM. Ils sont les auteurs de « Accroître la mobilité des revenus grâce à la liberté économique au Québec » et signent ce texte à titre personnel.

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