Le Fonds des générations : équitable, prévoyant et sage
Le 15 juin 2006, il y a 10 ans exactement, le gouvernement du Québec créait le Fonds des générations qui visent à accumuler des sommes dédiées au remboursement de la dette publique. Dix ans d’âge, alors qu’à chaque année, des groupes tentent de détourner les sommes versées à ce fonds pour dépenser davantage à droite et à gauche. Avoir maintenu l’intégrité du seul fonds gouvernemental consacré au long terme, et pas des dépenses en vue de gagner les prochaines élections, ce n’est pas rien. Il faut saluer cet exploit!
La vertu première du Fonds des générations est la même qu’un REER avec prélèvements automatiques. Des revenus y sont versés directement au lieu de passer dans le compte chèque du gouvernement. Les redevances hydrauliques, les revenus tirés des hausses de tarifs sur le bloc patrimonial d’électricité, et d’autres redevances sur les ressources naturelles alimentent le Fonds. Ce sont là des revenus sur les ressources qu’on exploite aujourd’hui, mais dont on préserve les bénéfices pour les générations futures.
Ce mécanisme est intrinsèquement équitable, prévoyant et sage. S’il n’existait pas, tous ces revenus seraient dépensés en moins de deux. Et tant pis pour nos enfants et leurs enfants!
Peut-on blâmer le fédéral pour la dette québécoise?
Les grandes qualités du Fonds des générations n’empêchent pas certains groupes, comme des syndicats, de s’y attaquer pour mettre la main dans le sac à bonbons. La dernière attaque en règle provient de l’IRIS.
En gros, l’IRIS prétend que la dette du Québec n’est pas le résultat de dépenses inconsidérées en programmes sociaux, qui sont nettement plus généreux ici que dans les autres provinces. Pour notre dette plus élevée que les autres, il faut selon eux blâmer la Banque centrale du Canada et ses taux d’intérêt élevés dans les années 1980, ainsi que le gouvernement fédéral qui a réduit les transferts aux provinces. Ça n’explique pas pourquoi toutes les provinces ne se retrouvent pas dans la même situation que le Québec, mais passons.
L’attitude de l’IRIS me fait penser à un autre comportement à courte vue, soit les propriétaires de VUS qui se plaignent d’une hausse du prix de l’essence. « L’essence était à 1$ le litre quand j’ai acheté mon auto, et là c’est 1,50$! », râlent-ils. Eh oui! Les prix de l’essence fluctuent! Il fallait y penser avant d’acheter une voiture plus énergivore.
Le gouvernement du Québec aurait mis en place plein de programmes sociaux coûteux en comptant sur une politique monétaire immuable et des transferts fédéraux constants? « On n’aurait pas fait de déficit, si rien n’avait changé », déplorent les chercheurs de l’IRIS.
Ce qu’ils ne disent pas, c’est qu’il fallait être bigrement inconscient pour penser que ces politiques ne fluctueraient pas, et encore plus téméraire pour ne pas réformer les dépenses de l’État quand ces changements sont survenus. L’explication ne tient donc pas la route, parce que je ne pense pas que les fonctionnaires ou les politiciens aient manqué d’intelligence à ce point.
Baisser les impôts pour enrichir les citoyens
Force est de reconnaître que le Québec est une société lourdement endettée et lourdement taxée à l’heure actuelle. Le Parti libéral a justement promis d’utiliser les surplus budgétaires à 50 % pour réduire la dette et à 50 % pour réduire les impôts, en commençant par la taxe santé. On peut espérer qu’ils respecteront leur promesse.
J’ajouterais qu’il est nécessaire de maintenir les efforts pour éviter de nouvelles explosions de dépenses, comme on en a connu avec tant de programmes sociaux, de la RRQ aux CPE en passant par la santé. D’où le pétrin actuel. Avec la rigueur et la discipline que donne une vision à long terme, le gouvernement améliore sa côte crédit et parviendra peut-être un jour à réduire l’impôt sur le revenu des particuliers qui pèse si lourd sur l’économie du Québec.
Faut-il le rappeler, une baisse d’impôt réduit les recettes du gouvernement en augmentant considérablement le pouvoir d’achat stagnant des citoyens du Québec. Un peu moins dans le compte chèque du gouvernement, un peu plus dans votre compte à vous, pour vos dépenses ou votre épargne. Ça aussi, ça me semble une décision sage.
Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.
____________________
Lire plus d'articles sur le thème de la « Fiscalité ».