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Événement

Série de Conférences Jean A. Pouliot

Troisième édition de la Série de Conférences Jean A. Pouliot en compagnie de Donald J. Johnston, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de 1996 à 2006 et membre du Conseil d’administration de l’IEDM.

Extrait de l’allocution prononcée par Donald J. Johnston

Aucun sujet ne semble dominer autant les débats de politiques publiques des pays industrialisés que les soins de santé. Ce domaine des politiques sociales offre des leçons importantes et diverses dont les pays qui s’engagent dans une réforme devraient s’inspirer. Le Canada et d’autres pays sont à la croisée des chemins, se démenant afin de rendre leur système de santé viable et abordable.

Le rôle de l’assurance maladie privée

Que devraient être les rôles respectifs du secteur public et du secteur privé tant dans le financement que dans la prestation des soins de santé? C’est la question la plus difficile à laquelle doivent répondre les systèmes de santé partout dans le monde. J’estime qu’un rôle en croissance pour le secteur privé peut être compatible avec les objectifs généraux d’équité de notre système de santé.

L’assurance maladie privée joue un rôle tant au Canada que dans d’autres pays de l’OCDE, mais celui-ci varie énormément selon l’endroit. Les dépenses moyennes en santé dans les pays de l’OCDE sont d’environ 72,5%, le Canada étant légèrement en dessous à 70,3%. Le reste est financé par une assurance maladie privée ou simplement par des paiements de la part des usagers. En 2000, seulement 11,4% des coûts des soins de santé canadiens ont été financés par l’assurance maladie privée, comparativement à 12,7% en France.

Différents pays conçoivent l’assurance maladie privée de manières diverses. Dans certains cas, cette dernière constitue la principale couverture pour certaines catégories de la population (par exemple, aux États-Unis, en Allemagne et auparavant aux Pays-Bas) alors que dans d’autres, elle appuie le système public. En Australie, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, des fournisseurs de soins financés par l’assurance maladie privée existent parallèlement au système de santé public, offrant une solution de rechange privée.

Dans plusieurs pays, comme la France, l’assurance maladie privée sert de complément au financement des programmes publics. Ailleurs, comme au Canada, elle agit en tant que supplément en finançant des biens et services exclus du régime public.

Des réformes sont nécessaires

Dans son rapport publié en 2002, Roy Romanow a adopté une position que je respecte, mais avec laquelle je suis en désaccord. Il affirme que nous ne devons pas voir notre système de santé comme étant en mode pilote automatique, immuable au changement. Cependant, je ne vois pas tellement de changement dans son approche sauf pour ce qui est d’investir davantage d’argent des contribuables.

Bien qu’il soit probable que les avantages de transférer des coûts du régime public au secteur privé ne comprennent pas dans l’ensemble une réduction générale des coûts des soins de santé, d’autres avantages existent que des réductions de coûts.

La France, souvent citée comme étant le meilleur système de santé au monde, combine un financement public et privé. Les contribuables assument la facture jusqu’à un peu plus de 70% du total des coûts. Ensuite, une assurance supplémentaire est optionnelle. Environ 90% des employés français choisissent une couverture supplémentaire par l’entremise de mutuelles sans but lucratif, ce qui ajoute un remboursement de 20%, ne laissant pas plus de 10% à être financé individuellement par les usagers.

Permettre un traitement accéléré pour le genou…

Est-ce qu’un mélange de privé et de public peut satisfaire le principe d’équité, c’est-à-dire le fait que chacun devrait avoir accès à un diagnostique et à au meilleur traitement au moment opportun? Évidemment, personne ne devrait être dépassé par un patient plus riche lorsque sa vie est en danger. Mais, par exemple, lorsqu’il s’agit d’une opération au genou ou à la hanche, cela tombe dans une catégorie où, à mon avis, si quelqu’un est prêt à payer pour un traitement accéléré, on devrait le permettre.

Ou devrait-il y avoir un système parallèle pour ceux qui peuvent et qui souhaitent dépenser leurs économies pour leur santé, retirant ainsi de la pression du régime public et des listes d’attente de traitement? Certains systèmes, comme en Australie et en Allemagne, fonctionnent de cette manière.

Existe-t-il un modèle parfait que nous devrions tous imiter? Probablement pas, mais nous devrions certainement établir ce qui fonctionne ou non et essayer de prendre le meilleur de chaque système. Si cela signifie que l’on doive réviser le cadre juridique mis en place par la Loi canadienne sur la santé, nous ne devrions pas craindre de le faire. Après tout, les systèmes de santé doivent évoluer au fil du temps en fonction des expériences d’autres pays et des conditions changeantes. Cet objectif peut seulement être réalisé en évitant les approches dogmatiques et en mettant l’accent sur le bien-être de tous les usagers du système de santé.

Photos prises lors de l’événement


Le conférencier invité de cette année, l’honorable Donald J. Johnston, en compagnie de monsieur Adrien D. Pouliot, commanditaire de la série de conférences Jean A. Pouliot.


Le président de l’IEDM, M. Paul Daniel Muller.


Mme Hélène Desmarais, présidente du Conseil d’administration de l’IEDM.


M. Pouliot au moment de la présentation du conférencier.


L’honorable Donald J. Johnston.


M. Pouliot s’est vu remettre un cadeau lors de la soirée, la collection complète des œuvres d’Adam Smith.

Photos: Claudio Calligaris

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