L’avenir du système de santé au Québec
Les sondages nous montrent régulièrement que le système de santé fait partie des préoccupations majeures des Canadiens. Dans le but d’explorer des perspectives originales et de débattre des alternatives possibles au système de santé existant, l’Institut économique de Montréal a invité cinq spécialistes de la question lors d’une conférence d’une demi-journée. La conférence d’une demi-journée avec les docteurs Jonathan Meakins, Edwin Coffey, Jacques Chaoulli, David Gratzer et M. Johan Hjertqvist a attiré un large échantillon de personnes travaillant dans le secteur de la santé, ainsi que des gens du monde des affaires et des politiciens. Un débat sous la présidence du Dr Léo-Paul Landry a suivi.
Présentations
Introduction :: Adrien Pouliot et Michel Kelly-Gagnon
Neither magic nor money will cure health care ills :: Dr. David Gratzer
Swedish health-care reform: From public monopolies to market services :: M. Johan Hjertqvist
Le Choix privé universel: Une vision de la santé offrant la qualité, l’accès et le choix à tous les Canadiens :: Dr. J. Edwin Coffey et Dr. Jacques Chaoulli
The Canadian health care system :: Dr. Jonathan Meakins
Table ronde :: Dr. David Gratzer, M. Johan Hjertqvist, Dr. J. Edwin Coffey, Dr. Jacques Chaoulli et Dr. Jonathan Meakins. Modérateur: Dr. Léo-Paul Landry
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David Gratzer, médecin et auteur de Code Blue: Reviving Canada’s Health Care System a lancé le débat en traçant un portrait du système de santé canadien tel qu’il existe aujourd’hui. Selon lui, le système de santé public possède des failles structurelles qui ont corrompu la relation entre le patient et son docteur, privant les deux parties des incitatifs nécessaires pour éviter la surconsommation de services de santé. Les décisions sur la quantité et la nature des soins à fournir ont été retirées des mains des patients et remises au gouvernement. Le Dr. Gratzer croit que la relation docteur/patient doit être reconstruite. Pour arriver à cela, il soutient qu’un Compte d’épargne médical – un système qui permet aux individus d’accumuler des fonds pour payer les frais médicaux, les assurances privées et d’autres coûts reliés à la santé à l’abri de l’impôt – devrait être mis en place au Canada.
Johan Hjertqvist, responsable du dossier de la réforme des soins de santé en Suède au Centre for Welfare Reform, a ensuite raconté comment la Suède a entrepris de réformer un système de santé public qui en avait bien besoin. Selon M. Hjertqvist, la Suède avait au début des années 1990 des problèmes similaires à ceux du Canada. Il a expliqué que la réforme a fait en sorte que le gouvernement continue de payer pour les besoins essentiels mais que la fourniture de ces soins est maintenant sujette à des soumissions publiques, ce qui crée un marché à l’intérieur même du système de santé. Cette innovation a permis au système de santé de reproduire le type de transparence et de propension à l’innovation qui caractérise traditionnellement les marchés, tout en maintenant un engagement envers l’égalitarisme auquel les Suédois attachent beaucoup d’importance.
J. Edwin Coffey, médecin et ex-président de l’Association médicale du Québec, et Jacques Chaoulli, médecin de famille et chercheur de la santé, ont ensuite présenté une vue d’ensemble de leur récente étude, Le choix privé universel, publiée par l’Institut économique de Montréal. Ils ont expliqué que le système qu’ils proposent est une tentative de réformer le système de santé publique canadien en redonnant aux patients le contrôle sur leurs choix personnels. Leur projet concrétise ceci en offrant plusieurs options parmi lesquelles les patients peuvent choisir. Ils croient également qu’il permettrait d’offrir une information essentielle qui fait défaut dans le système canadien actuel, en permettant l’essai de différentes formes de fourniture de services de façon à encourager l’innovation et l’expérimentation, ceci dans le but ultime d’améliorer les soins aux patients.
Le dernier conférencier a été Jonathan Meakins, chef du Service de chirurgie au Centre hospitalier de l’Université McGill. Selon lui, les réformes les plus cruciales devraient porter sur l’administration et la comptabilité des hôpitaux. Même s’il croit que le financement public doit être maintenu, on devrait s’inspirer des pratiques du secteur privé pour améliorer les façons de procéder. En particulier, les freins à l’innovation et à une meilleure productivité doivent être éliminés du système actuel, d’abord en mettant en place une planification des coûts qui s’adapte aux activités de l’hôpital et qui fait circuler l’information de la base au sommet, au lieu du présent système où un budget fixe est imposé et où l’ajout de services et les possibilités d’innovation sont sévèrement limités. Selon le Dr Meakins, le défaut du présent système est que les administrateurs sont responsables mais n’ont pas l’autorité nécessaire pour prendre des décisions.
L’événement s’est conclu par un échange entre les conférenciers et une période de questions animés par le Dr Léo-Paul Landry, un membre respecté de la profession médicale au Québec. Même si les panélistes n’en sont venus à aucun consensus sur les changements concrets à apporter au système, il était évident pour tous que les règles du marché doivent jouer un plus grand rôle dans la fourniture des soins de santé.