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Textes d'opinion

Un système obsolète

Les avancées des discussions de l’Organisation mondiale du commerce sont pour le moins spectaculaires: une entente sur la banane et le coton, un projet d’accord qui assujettit les sept puissances agricoles (États-Unis, Union européenne, Brésil, Chine, Inde, Australie et Japon) à réduire leurs subventions agricoles de 50 à 80%, un accord sur les produits industriels et encore. Pour les libre-échangistes, c’est une semaine de rêve, rien de moins.

Les acquis des agriculteurs du Canada, comme le système de gestion de l’offre, remis en question à l’OMC à maintes reprises, sont maintenant menacés. Doit-on s’inquiéter? Le Canada ne créerait nullement un précédent en éliminant sa gestion de l’offre. Bien d’autres pays l’on fait avant lui et contrairement à ce que certains groupes d’intérêts exhortent, les consommateurs et producteurs qui résident dans ces pays gèrent bien leur nouvelle réalité agricole.

Le système de la gestion de l’offre est un système protectionniste de quotas, de tarifs douaniers et de subventions qui régit les secteurs des volailles, des oeufs et du lait. En tant que pays riche, le Canada doit faire des concessions puisqu’il est désormais fin seul à défendre les vertus d’un modèle économique plus propre à une économie en voie de développement. Pour défendre le modèle de la gestion de l’offre, les producteurs canadiens et québécois soulignent les bienfaits de la souveraineté alimentaire. Ils affirment également qu’avec le système de la gestion de l’offre, les consommateurs canadiens y gagnent avec des denrées agricoles moins chères et plus sécuritaires.

Cette thèse est toutefois contestée. Certes, la gestion de l’offre assure certains avantages à notre économie. Par contre, les coûts d’opportunité outrepassent les bénéfices. Plusieurs pays ont déjà abandonné le modèle de la gestion de l’offre, jugeant qu’il était obsolète pour une économie moderne. Les pays qui ont délaissé ce système, tels que l’Angleterre, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Corée, misent maintenant sur le libre marché, l’efficacité et l’innovation pour se doter d’un avantage concurrentiel.

Un marché libre

Tout compte fait, avec la mécanique du système de quotas et de tarifs à l’importation, le consommateur canadien et québécois est clairement laissé pour compte. Quand on limite la concurrence, le consommateur sera toujours perdant. À part l’agriculture, aucune autre industrie ne dispose de mécanisme de fixation automatique des prix pour neutraliser l’accroissement de coûts fortuits ou une baisse abrupte de revenus, et ce, sans même mettre dans la balance le bien-être des consommateurs canadiens.

Le consommateur moyen au Canada paie davantage pour ses produits laitiers, avicoles et ovicoles, peu importe ce que certains groupes de pression énoncent. Certains groupes ont profité de la naïveté collective des consommateurs canadiens afin de consolider leurs avoirs financiers. Il est temps que cela cesse! Évidemment, le libre marché n’offre aucune garantie, mais l’optique d’un marché plus ouvert au monde ne peut que nous apporter de nouvelles opportunités.

Les agriculteurs ont fait d’importants investissements. L’élimination irréfléchie du système de quotas et des tarifs douaniers serait évidemment injuste. Une feuille de route prévoyant l’abolition des quotas de production agricole doit nécessairement inclure un plan compensatoire équitable et équilibré pour l’ensemble des producteurs et des contribuables canadiens.

Sylvain Charlebois est professeur à la faculté d’admini-stration de l’Université de Regina et chercheur associé à l’Institut économique de Montréal.

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