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Textes d'opinion

Le Canada doit réagir à la crise alimentaire

Le Sommet sur la crise alimentaire de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), rappelle que les politiques protectionnistes des pays industrialisés ont des conséquences néfastes sur le bien-être de la population mondiale. Jacques Diouf, directeur général de cet organisme, l’a souligné dans son discours d’ouverture: la solution consiste en premier lieu à accroître la production agricole.

Il a également affirmé que «personne ne comprend que les pays de l’OCDE aient provoqué la distorsion des marchés mondiaux avec 372 milliards $ de soutien à leur agriculture en 2006. Le problème de l’insécurité alimentaire est de nature politique. C’est une question de priorités face aux besoins humains les plus fondamentaux. Et ce sont les choix des gouvernements qui déterminent les allocations de ressources.»

Le cycle de Doha, qui a débuté en novembre 2001 et dont le coeur est la libéralisation des échanges agricoles parmi les 152 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), vise justement à réduire les effets pervers de ces distorsions commerciales. Malgré la difficile conciliation des positions des pays industrialisés et des pays en développement, le cycle de Doha est loin d’être enterré. Un grand nombre de négociations commerciales internationales – notamment celles de Kennedy, de Tokyo et de l’Uruguay – ont frôlé l’échec avant d’être couronnées de succès à la dernière minute.

D’ici janvier 2009

Tant pour améliorer le sort de ses consommateurs locaux que pour poser un geste d’aide humanitaire efficace, le gouvernement canadien doit faciliter la progression des pourparlers. C’est le moment ou jamais, car plusieurs observateurs estiment que si on n’arrive pas à une entente d’ici l’arrivée d’un nouvel occupant à la Maison-Blanche en janvier 2009, le cycle de Doha sera mis sur la glace pendant plusieurs années encore, peu importe le vainqueur. En contexte de crise alimentaire, on ne peut se permettre d’entraver le commerce agricole et d’exclure plus longtemps les pays en développement de la sphère de la mondialisation.

L’influence canadienne à l’OMC est compromise par les lobbies des producteurs agricoles. Tous les partis fédéraux défendent la gestion de l’offre, qui limite la production locale par des quotas et restreint les importations grâce à des tarifs douaniers élevés appliqués à certains aliments.

Le Canada, quatrième plus grand exportateur et cinquième plus grand importateur au monde de denrées agricoles, doit réformer certains de ses programmes qui nuisent au commerce. Cela est possible si les parties intéressées comprennent que cela permettra de sauver l’industrie en la rendant plus concurrentielle et efficace.

Le monopole de la Commission canadienne du blé sur la vente à l’international d’orge et de blé devrait prendre fin.

La structure et l’organisation actuelles de cet organisme sont incompatibles avec l’économie du xxie siècle où la capacité de répondre rapidement et résolument aux changements dans les conditions du marché est aussi importante stratégiquement que les marchandises produites et vendues.

Économies d’échelle

L’industrie agricole canadienne ne peut être concurrentielle tant qu’elle continuera de recevoir des subventions afin de garder sur le respirateur artificiel une myriade de petites fermes. Dans une économie globale, les économies d’échelle deviennent cruciales. C’est pourquoi les politiques agricoles doivent aider les fermes à croître, à innover et à prospérer. Se cacher derrière des tarifs douaniers protectionnistes et jouer son avenir sur un marché intérieur qui a déjà atteint la maturité ne pourront mener qu’à un désastre.

La demande pour des denrées agricoles croît rapidement dans plusieurs endroits du monde et il faut tirer profit de ces occasions. Le Canada devra inévitablement s’adapter et faire des concessions s’il veut continuer à profiter des avantages de faire partie du système commercial mondial. Il vaut mieux s’y préparer maintenant, car le changement viendra, que nous le voulions ou non.

Sylvain Charlebois est professeur agrégé en marketing à l’Université de Régina et chercheur associé à l’Institut économique de Montréal.

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