Éducation : décentraliser au lieu de toujours dépenser plus
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Les campagnes électorales carburent aux annonces et aux promesses coûteuses. Celle qui se pointe au Québec à la fin de l’été, risque de ne pas être différente : il est frappant de voir à quel point, dans la tête de la plupart des candidats, il n’y a pas d’alternative à mettre plus d’argent dans le système pour qu’il fonctionne mieux. En matière d’éducation, en particulier, où le débat sur les coupes dans les dépenses a fait rage (en réalité, elles ont augmenté), il sera très tentant pour les politiciens de faire pleuvoir les millions.
Rappelons deux choses : d’une part, dépenser plus n’est pas synonyme de meilleurs résultats pour les écoles et les élèves. Cela a été déjà démontré dans le cas des pays européens, puis au Québec : un plus haut niveau de dépenses publiques en éducation ne s’accompagne pas de meilleurs services.
Pourquoi? Tout simplement parce que certaines dépenses ont peu ou pas d’effet sur la qualité de l’instruction reçue. Par exemple, qui peut affirmer sérieusement qu’« investir » 800 000 $ dans l’organisation d’élections partielles des commissions scolaires pour lesquelles le taux de participation frise le zéro est profitable aux élèves? D’autre part, l’école des choix publics nous enseigne que les bureaucrates cherchent avant tout à multiplier les budgets pour financer les dépenses de fonctionnement (les infrastructures, les salaires, les conditions de travail, etc.), et non le type de dépenses qui favorisent les bénéficiaires des services publics.
La preuve : au cours des dix dernières années, les dépenses en éducation ont augmenté d’environ 14,1 % en termes réels, tandis que le nombre d’élèves a diminué de 3,6 %. Une partie importante de ces hausses s’explique par la hausse des coûts salariaux et de ceux des régimes de retraite. Les enseignants doivent évidemment être rémunérés à leur juste valeur, mais votre petit dernier n’accordera pas mieux les participes passés parce que son prof a changé d’échelon salarial.
Que faire donc pour améliorer notre système d’éducation?
Plus d’autonomie pour les profs et les directeurs
Le dernier rapport PISA, publié par l’OCDE est particulièrement instructif, car il permet d’évaluer l’effet de certaines politiques entre 2006 et 2015. Les résultats de l’étude vont dans le sens de ce que défend l’IEDM depuis plusieurs années.
D’abord, sur le renforcement de l’autonomie des écoles. Les pays qui leur ont donné plus d’autonomie ont vu les performances des élèves augmenter. Pourquoi? Tout simplement, parce que les gens sur le terrain, au premier chef les enseignants sont les mieux placés pour adapter les méthodes d’enseignement et la matière à leurs élèves… pourvu qu’on leur permette de le faire. L’autonomie favorise en outre les innovations pédagogiques en permettant de comparer diverses pratiques et de conserver les meilleures.
Il est important aussi pour les directeurs d’école d’avoir la liberté d’embaucher, de gérer et, au besoin, de congédier son personnel, incluant les enseignants. Présentement, au Québec, il est presque impossible de congédier un enseignant incompétent. La plupart ne sont d’ailleurs plus évalués une fois qu’ils ont reçu leur permanence. Lorsque la seule valeur encouragée est l’ancienneté, peut-on s’étonner de la démotivation de certains enseignants et du manque de relève?
Ce renforcement de l’autonomie des écoles passe enfin par l’abolition des commissions scolaires, ce qui pourrait aussi contribuer à la réussite des élèves, et l’introduction de mesures de rémunération selon la performance.
Dans quelques mois, la « vraie » campagne électorale va débuter. Il serait bon que nos politiciens délaissent leurs vieux réflexes de vouloir résoudre chaque problème en dépensant toujours plus d’argent des contribuables. Si cette solution était la bonne, ça ferait longtemps qu’on en aurait la preuve.
Jasmin Guénette is Vice President of Operations at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.