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Créer la richesse avant de la partager

Les Québécois sont dans le peloton de queue en Amérique du Nord pour le niveau de vie. Les Affaires rapportait récemment les résultats d’une étude réalisée pour la Communauté métropolitaine de Montréal indiquant que Montréal avait le plus bas niveau de vie des 26 principales régions métropolitaines d’Amérique du Nord. Une étude de Statistique Canada montrait par ailleurs que le Québec se classe au 57e rang sur 61 parmi les États et provinces du continent.

On ne peut accuser ici les Bill Gates de ce monde de faire gonfler les statistiques à l’avantage des Américains puisqu’on parle d’un classement par revenu disponible médian et non par revenu moyen, c’est-à-dire en comparant le montant qui sépare la population en deux, la moitié gagnant plus et l’autre moitié moins. Les impôts personnels, les transferts gouvernementaux et le coût de la vie des deux pays sont également pris en considération. Ainsi, 50% des Québécois gagnent plus de 27 400 $, comparativement à 50% qui gagnent plus de 43 300 $ au New Jersey et plus de 35 100 $ en Ontario.

Que le Québec se classe maintenant parmi les États ruraux les plus pauvres du continent, à mi-chemin entre l’Arkansas et le Dakota du Sud, a de quoi inquiéter. La décennie des années 1990 a clairement creusé l’écart entre, d’une part, le niveau de vie des Québécois et celui des autres Canadiens et, d’autre part, celui de l’ensemble des Canadiens et celui des Américains. Seules deux provinces réussissent encore à se comparer avantageusement aux États-Unis, soit l’Alberta (25e) et l’Ontario (17e). Pire, cinq provinces se retrouvent parmi les sept dernières juridictions du continent.

On pourrait continuer à aligner les chiffres: la croissance de la productivité a été de 0,65% par année en moyenne au Québec durant la période 1989-98, contre 1,04% pour l’ensemble du Canada; le PIB réel entre 1990 et 2001 a augmenté de 27% au Québec, comparativement à 37% dans le reste du Canada.

Si elles ne doivent servir qu’à une seule chose, ces données qui nous comparent avec nos voisins devraient nous rappeler l’urgence de faire de la prospérité économique une priorité absolue. Cet appauvrissement relatif du Québec ne devrait en effet surprendre personne.

Depuis quatre décennies, tous les débats politiques au Québec ont porté sur la façon de diviser des pouvoirs interventionnistes de plus en plus lourds entre nos deux gouvernements, et sur les moyens d’offrir toujours davantage de services publics et de redistribuer toujours plus la richesse. Or, en continuant de gonfler la taille de l’État, le gouvernement du Québec doit taxer davantage ses contribuables et freine ainsi les gains de productivité et en bout de ligne la croissance qui est la base de toute prospérité. C’est le développement économique de tous les Québécois que l’on ralentit, pas uniquement la réussite de quelques-uns.

Comme le rappelait le ministre Joseph Facal récemment, il n’est pas normal que plus de deux Québécois sur cinq n’aient pas les revenus suffisants pour payer de l’impôt. Nous nous enlisons dans la spirale de la dépendance avec un nombre de plus en plus important de citoyens qui décrochent. Les forces productives qui demeurent sont, elles, surtaxées.

Le temps est venu pour les leaders politiques québécois de cesser de vouloir partager davantage la pauvreté et de favoriser enfin la création de richesse. Nous serons alors tous prêts à faire preuve de plus de générosité et de compassion parce que nous en aurons les moyens.

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