Le Canada n’a pas besoin d’une politique de l’alimentation
Montréal, le 14 novembre 2018 – Ottawa ne doit pas céder aux chants des sirènes qui demandent que le gouvernement intervienne davantage dans le marché de l’alimentation. Cela mettrait en péril l’innovation dans une industrie qui fonctionne bien grâce à la liberté des échanges, qui permet d’offrir un choix grandissant et des prix toujours plus bas aux consommateurs, montre un Cahier de recherche publié aujourd’hui par l’IEDM.
« La plupart des gens ne se demandent pas pourquoi le choix offert chaque jour au supermarché local est vaste, ou comment de plus en plus d’individus peuvent avoir accès à des milliers de produits provenant des quatre coins de la planète, à des prix toujours plus bas. Il s’agit en fait d’un miracle économique et logistique, qui repose sur la liberté des transactions et non sur une quelconque planification gouvernementale », explique Pierre Desrochers, professeur associé au Département de géographie de l’Université de Toronto Mississauga et chercheur associé à l’IEDM et coauteur de la publication.
Malgré ce succès qui va en grandissant depuis plus de cent ans, les appels à une plus grande implication du gouvernement dans la production, la réglementation et la distribution de la nourriture n’ont jamais cessé. Ottawa a récemment demandé au ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire de développer une politique alimentaire pour le pays. Le rapport qui en est issu contient 21 recommandations floues qui appellent pour la plupart à une plus grande intervention du gouvernement sur les marchés alimentaires.
On appelle par exemple à un plus grand soutien de l’État au « développement et à la croissance de l’agriculture régionale et locale ». Or, un retour à une alimentation locale ne peut que générer des prix plus élevés (perte des économies d’échelle) ou une offre plus faible (essayez de trouver des oranges du Québec en épicerie).
« Une production locale peut toujours trouver un marché de niche parmi des consommateurs les plus aisés, mais forcer le recours à une agriculture locale réduirait probablement le pouvoir d’achat des autres consommateurs et n’aiderait pas une famille à mieux se nourrir », souligne le professeur Desrochers.
« En fait, plusieurs objectifs des avocats d’une politique nationale, comme la traçabilité des produits et la réduction du gaspillage, sont déjà en train d’être atteints grâce aux innovations récentes qu’un marché libre a encouragées. Pourquoi? Parce que les premiers intéressés à vous offrir de la qualité sont ceux qui se battent chaque jour pour que vous n’alliez pas chez le concurrent, et parce que la nourriture jetée mange d’abord les profits des détaillants! », ajoute Kevin Brookes, analyste en politiques publiques à l’IEDM et coauteur de la publication.
Par exemple, la technologie de la chaîne de blocs (blockchain), présentement mise à l’essai par certains détaillants, fournira aux consommateurs beaucoup plus d’informations sur l’historique d’un produit. Elle permettra aussi de réduire davantage les déchets et de suivre les produits contaminés ou mal étiquetés de manière encore plus efficace.
« N’en déplaise aux activistes, notre chaîne d’approvisionnement alimentaire moderne s’est construite progressivement sans qu’une autorité unique en soit responsable, et n’aurait probablement pas évolué autant si cela avait été le cas. Le Canada n’a pas besoin d’une politique alimentaire nationale, il n’a qu’à laisser l’innovation spontanée que l’on connait depuis plus de cent ans se poursuivre chaque jour », conclut Pierre Desrochers.
Le Cahier de recherche intitulé Le miracle des supermarchés – La perspective de l’école autrichienne d’économie est signé par Pierre Desrochers et Kevin Brookes, respectivement professeur associé au Département de géographie de l’Université de Toronto Mississauga et chercheur associé à l’IEDM, et analyste en politiques publiques à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications et ses interventions, l’IEDM alimente le débat sur les politiques publiques au Québec et à travers le Canada en proposant des réformes fondées sur les principes de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat.
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Demandes d’entrevues : Pascale Déry, Vice-présidente, Communications et développement, IEDM. Tél. : 514-273-0969 p. 2233 / Cell. : 514-502-6757 / courriel : pdery@iedm.org