La privatisation des soins médicalement requis au Canada est un mythe
Montréal, le 15 décembre 2015 – Contrairement à ce qu’affirment certains intervenants, nous n’assistons pas à une privatisation graduelle du financement des soins de santé au Canada. Une Note économique publiée aujourd’hui par l’IEDM démontre qu’il s’agit d’un mythe, du moins en ce qui concerne les soins médicalement requis, qui forment le noyau du système de santé.
Si la part des dépenses privées dans l’ensemble des dépenses de santé est passée de 25 % au milieu des années 1980 à 29 % en 2013, cela est essentiellement dû à une hausse de dépenses privées pour des soins complémentaires au réseau de la santé. C’est le cas notamment pour les soins dentaires, les soins de la vue et les soins d’autres professionnels comme des psychologues ou des physiothérapeutes, qui ne sont pas considérés par les gouvernements comme étant médicalement requis.
La part du financement privé n’augmente aucunement pour les soins dispensés dans les hôpitaux et les cabinets de médecins. Ceux-ci demeurent sous l’emprise hermétique du monopole public au Canada et la proportion des dépenses privées y demeure inchangée depuis le milieu des années 1980.
« Les services médicaux et hospitaliers dispensés aux patients canadiens sont dans les faits financés pratiquement à 100 % par le secteur public et cette situation n’a pas changé depuis trois décennies », dit Yanick Labrie, auteur de la publication.
Lorsqu’on observe les dépenses de santé dans d’autres pays, on constate que le Canada fait bande à part en restreignant à ce point le financement privé des soins jugés médicalement requis. Par exemple, les soins hospitaliers sont financés par des sources privées à hauteur d’environ 20 % en Suisse et en Belgique, et à près de 30 % en Australie. Rappelons qu’il s’agit là de systèmes de santé mixtes où aucun citoyen n’est exclu de la couverture d’assurance universelle.
La participation plus grande du secteur privé dans les autres pays se manifeste aussi au chapitre de la prestation des soins, souligne M. Labrie. Dans la plupart des pays, les patients peuvent choisir d’être traités dans des hôpitaux publics ou des hôpitaux privés. Ce n’est pas le cas au Canada, où 99 % des hôpitaux sont publics. « Tous les autres pays de l’OCDE fournissent plus de services hospitaliers par l’entremise du secteur privé que le Canada, même ceux où le financement privé reste très minoritaire », dit-il.
« En entretenant la confusion sur la répartition public-privé du financement des soins de santé, les partisans du statu quo occultent une réalité fondamentale à l’origine du problème des listes d’attente, soit l’absence de concurrence et de choix pour les patients dans notre système public de santé », ajoute Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.
« Il est crucial d’avoir l’heure juste à cet égard si l’on veut apporter le bon diagnostic et les bonnes solutions, poursuit-il. Or les soins dispensés dans les hôpitaux et les cabinets de médecins sont toujours sous l’emprise d’un monopole étatique, contrairement aux autres pays développés, avec les conséquences prévisibles pour les patients que l’on observe chaque jour. »
La Note économique intitulée « L’heure juste à propos du financement des soins de santé au Canada » est signée par Yanick Labrie, économiste à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
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